Depuis très longtemps, la présence de jeunes personnes lourdement handicapées dans un CHSLD est décriée comme une absurdité pour ne pas dire une hérésie. Le programme d’activités, les horaires, les règles de fonctionnement ne sont généralement pas adaptés pour une clientèle moins âgée. D’ailleurs Monsieur Jonathan Marchand a dû camper, voire s’enchaîner, pour faire entendre sa voix. Espérons pour lui que ses efforts l’aideront à obtenir des conditions de vie qui correspondent à ses réels besoins. Au-delà de cette situation particulière, tout le contexte actuel relance les discussions sur une réelle politique du maintien à domicile.

Le maintien à domicile une nécessité.

 

Depuis quelque temps, des dernières élections à la Covid-19, les instances gouvernementales nous parlent de la construction des maisons des aînés, d’apport de nouveaux personnels dans les CHSLD, mais ils ne parlent jamais ou très peu d’une nouvelle stratégie orientée vers le maintien à domicile.

Premièrement, défendre le maintien à domicile n’est pas une négation ou une dénonciation des projets de construction ou de rénovation. Il y a des besoins importants, de nouvelles places dans le contexte du vieillissement de la population seront nécessaires. Il faut saluer l’effort récent pour recruter et former de nouvelles personnes à titre de préposés aux bénéficiaires. Ces investissements sont nécessaires, mais sont nettement insuffisants!

Personne n’est contre la vertu ou la « tarte aux pommes », mais il est difficile de saisir la vision du gouvernement actuel sur le maintien à domicile. Il y a eu quelques gestes, quelques déclarations, pensons notamment à l’élargissement des principes d’utilisation de l’allocation directe chèque emploi-service (AD/CES) en soutien à domicile. Depuis novembre 2019, « il sera dorénavant possible pour les usagers d’engager de gré à gré des gens de leur famille afin de dispenser des services de soutien à domicile dans le cadre de l’allocation directe / chèque emploi-service (AD/CES), en autant que ces personnes ne vivent pas sous le même toit. Les proches habitant sous le même toit pourront quant à eux être engagés à titre exceptionnel, c’est-à-dire lorsqu’une situation particulière le justifie, pour dispenser des services de soutien à domicile par le biais de l’AD/CES. »

 Le salaire d’une personne est a été bonifié à 14,25$/h. Cette allocation vous est attribuée par le centre de santé et de services sociaux (CSSS) qui a évalué vos besoins et établi un plan d’intervention comportant un nombre d’heures précis de services d’aide à domicile. Vous pouvez choisir la personne qui vous offrira l’aide convenue au moment de l’évaluation faite par le CSSS. Cliquer ici pour en savoir plus!

Bien qu’il y ait des activités, des programmes et des ressources en maintien à domicile, des efforts importants sont et seront nécessaires pour diminuer l’utilisation des services d’hébergement. Il faut envisager la mise en place d’une réelle stratégie de maintien à domicile basée sur la prévention et des services de qualité et ainsi tout mettre en œuvre pour retarder voire éviter l’institutionnalisation de nos aînés!

Une occasion manquée!

 

Il est évident que la mise en place d’une stratégie de maintien à domicile plus dynamique doit impliquer le milieu communautaire de services, les organismes spécialisés autour d’une maladie, les bénévoles et en tout premier lieu les proches aidants. Sans un travail d’orchestration de toutes ces ressources, les services seront offerts tels que nous les connaissons aujourd’hui, en silos!

L’occasion manquée est le dépôt du projet de loi : Loi visant à reconnaître et à soutenir les personnes proches aidantes et modifier diverses dispositions législatives présentées par Madame Marguerite Blais, Ministre responsable des Aînés et des Proches aidants.

Cette reconnaissance recherchée et souhaitée ne précise aucunement le rôle clé des proches aidants dans le maintien à domicile, nulle part dans le projet de loi, il est affirmé qu’une amélioration substantielle des conditions de vie des proches aidants aurait un impact significatif sur la qualité des services en maintien à domicile.

Il aurait été nécessaire d’affirmer que la présence, l’attachement à la personne en perte d’autonomie, les connaissances et les compétences des proches aidants sont des facteurs qui favorisent le maintien à domicile. Pourquoi ne pas, d’ores et déjà, prévoir dans le projet de loi des orientations formelles sur notamment le soutien aux proches aidants, sur la nécessité d’offrir du répit, sur des activités d’information et de formation et surtout, rendre des établissements imputables d’organiser ces services et d’assurer un suivi?

Notons que le Ministère de la Santé et des Services sociaux finance déjà des organismes voués à aider et soutenir les proches aidants. « Créé en 2009, l’Appui pour les proches aidants d’aînés contribue à améliorer la qualité de vie des proches aidants d’aînés et à faciliter leur quotidien en veillant notamment à ce qu’ils tirent pleinement profit des ressources mises à leur disposition. Partout au Québec, grâce à 17 Appuis régionaux et une entente spécifique pour les Terres-Cries-de-la-Baie-James, chaque bureau régional soutient les organismes locaux voués au bien-être des proches aidants, et ce, afin d’offrir à ces derniers des services adaptés dans leur milieu. »

Le site Internet regorge d’informations et de documentations pour soutenir les proches aidants. La Ministre et son équipe auraient pu s’inspirer de l’expérience accumulée depuis 2009 pour présenter un projet de loi nettement plus concret.

Des leviers disponibles pour le maintien à domicile

 

Pensons aux crédits d’impôt remboursables au Québec. Il existe un crédit d’impôt pour aidants naturels dont le maximum est de 1205$ par année. C’est peu! C’est très peu!

Le crédit d’impôt pour maintien à domicile des aînés permet de réclamer 35 % des dépenses qui ont été payées pour des services admissibles. Le maximum des dépenses admissibles pour une personne est de 19 500$ par année. Le crédit d’impôt annuel maximal est donc de 6 825$ (19 500$ x 35%). Pour un couple, le maximum des dépenses admissibles est de 39 000$ par année. Le crédit d’impôt annuel maximal est donc de 13 650$. C’est mieux me direz-vous. C’est vrai, mais encore faut-il avoir des revenus permettant d’acheter des services de maintien à domicile admissibles jusqu’au maximum permis. Ce n’est pas tout le monde qui peut se permettre cela.

 Souhaitons que Monsieur Marchand puisse bénéficier des services que son état nécessite, et ce, dans un cadre de vie approprié c’est-à-dire chez lui, à domicile. Souhaitons aussi que toutes les personnes dont la situation s’apparente à ce que vit Monsieur Marchand puissent aussi demeurer à domicile.

Une annonce importante

 

Le 18 août 2020, le ministère vient de publier son plan d’action en vue d’une deuxième vague de la COVID-19. Il faut souligner un certain réalisme vis-à-vis les services de maintiens à domicile. Ainsi en page 63;

 « Les aînés et les clientèles vulnérables, ainsi que leurs proches aidants, ont été particulièrement affectés par la pandémie et les mesures de confinement mises en place. On doit prioritairement faire mieux pour les protéger et assurer leur bien-être. On doit aussi reconnaître le rôle essentiel de soutien et de réconfort des proches aidants pendant la crise sanitaire et faciliter leur présence. espace

Le soutien à domicile

La pandémie de la COVID-19 démontre plus que jamais l’importance des services de soutien à domicile aux personnes en perte d’autonomie, vivant avec des incapacités ou agissant à titre de proches aidants. Il est impératif de faciliter le maintien au domicile pour les personnes qui le souhaitent et dont la condition le permet, avec les services adéquats, dans le but de les rendre moins vulnérables aux éclosions en milieux de vie partagés.

 Cela étant, l’attraction et la rétention de personnel en soutien à domicile est un enjeu majeur pour assurer le maintien de ces services. Le délestage des services non essentiels a entraîné la perte de certains emplois chez des partenaires du réseau de la santé et des services sociaux, laquelle, combinée à l’aide du gouvernement fédéral, a contribué à la baisse du bassin de main-d’œuvre disponible. » Au chapitre des actions on y lit :

 «Déployer une offre de services de soutien à domicile, incluant du répit, adaptée aux besoins de la population :

  • Identifier des équipes attitrées à chacun des milieux de vie collectifs par secteur géographique;
  • Déployer les soins intensifs à domicile;
  • Augmenter les services de répit à domicile;
  • Augmenter les activités découlant d’ententes de services spécifiques avec les partenaires communautaires et intersectoriels, tels que les paramédicaux communautaires. »

 Espérons que cela va dépasser les vœux pieux et le temps de la pandémie. Les mesures soutenant le maintien à domicile et les proches aidants doivent être à long terme et devenir la principale stratégie pour offrir des services appropriés et adaptés aux besoins des personnes en perte d’autonomie.

 

Un service conseil pour le maintien à domicile

Inscrivez votre adresse courriel pour recevoir notre infolettre

Rejoignez notre liste de diffusion pour recevoir les dernières nouvelles et mises à jour de notre équipe.

You have Successfully Subscribed!